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Les archives de l'ancien boudoir sont le pendant féminin et "léger" de celles de l'ancien bureau. Elles reflètent les goûts de Mimi, portée comme son mari sur l'aventure et le lointain (elle admirait Alexandra David-Neel), et sur les choses de l'amour (sublimé dans son cas). Mais les bibliothèques du boudoir bleu et jeune sont aussi le reflet de son époux puisque le trop-plein du bureau d'Édouard finissait également ici. Bon an mal an, l'histoire et la géographie du début du XXe siècle y échouaient.
Dans une famille où l'on gardait tout, la biographie de chacun de ses membres est documentée et illustrée. Les armoires renferment entre autres les dessins d'enfant de chacun.
Les dessins d'écolière d'Élisabeth BOUSSUGE
Les cahiers des uns et des autres : estampilles toulonnaises pour les enfants Édouard et Maurice (père & fils) ; carpentrassienne pour Mimi ; parisienne pour la jeune Marythé, la future épouse de Maurice, qui en 1939-1940 était élève de 5e AB au lycée Edgard Quinet de Lyon (aujourd'hui Édouard-Herriot), où enseignait Lucie Aubrac.
Élève à Carpentras, Mimi avait une amie anglaise, dont elle conservait précieusement les lettres.
Il court dans la famille une rumeur selon laquelle des ancêtres auraient émigré en Angleterre.
Les protège-cahiers d'Édouard
Édouard était méticuleux. Même adulte, il protégeait ses cahiers. Pour ce faire, il découpait des réclames, notamment d'engrais, dont il transformait le verso en recto pour écrire titre et nom d'auteur, de son écriture minutieuse. Il est à la fois merveilleux et frustrant de retrouver ces arabesques, ces couleurs primaires, ces aplats, ces traits de couleur unique, ces graphies tournant du siècle qui évoquent une méthode d'impression révolue et Toulouse-Lautrec. On imagine ce qu'on aurait éprouvé à retrouver les affiches entières. Mais on est à la Tartugo, et l'on découvre des morceaux, des bribes. Les protège-cahiers d'Édouard participent pleinement de l'atmosphère récupération, détournement et picassiette de la maison. Bernard les détourne à son tour, transformant certains en ready-made, qu'il encadre pour en faire des clins d'oeil aux Surréalistes et à Joseph Beuys. Les archives de La Tartuga, c'est un peu comme ouvrir la Boîte verte de Duchamp qui serait boîte de Pandore. Une affiche jaune, noir et blanc sert, découpée, de protège-cahiers à plusieurs ouvrages : Les Pyrénées de Ramond de Carbonnnières, Le Détroit de Magellan & Taiti de Bougainville, Voyage de Laponie par Régnard, Tombouctou de René Caillié et La Première Ascension du Mont-Blanc, de H. de Saussure. En Italie, de Michelet, a hérité d'un fragment d'affiche à lettrage noir et blanc sur fond rouge.
Sans doute ne faut-il pas regretter qu'Édouard ait découpé, pour en faire un protège-cahier, une affiche publicitaire du caricaturiste de L'Assiette au beurre Henri-Gustave Jossot (1866-1951). C'est encore là l'une des découvertes des coulisses de La Tartugo : on doit retourner les protège-cahiers pour découvrir le recto des affiches, influencées, dans le cas de Jossot, par l'Art nouveau, les nabis et l'ukiyo-e. Vilipandeur des bourgeois et des institutions, il fit, au moment où Édouard découpait ses affiches, un détour par l'Islam en Tunisie avant de revenir à son athéisme invétéré..
Ci-dessus, à gauche montage de versos de cartes postales maison.
À droite, verso de protège-cahier encore en place pour l'ouvrage Au centre de l'Afrique, de Livingstone ; l'affiche découpée, une publicité pour produits agronomiques, montre que
Charles était le représentant local de l'entreprise.
Le
profil
d'une inconnue
au verso d'un protège-
cahier nous échappe à jamais
sur fond de lac alpin que traverse une
portion de vapeur. Elle porte le chignon
et la tenue vaporeuse des belles de 1900,
protégeant de son anonymat l'ouvrage de
Bernardin de Saint-Pierre, L'Île de France.
Le n°270 de la Nouvelle Bibliothèque Populaire conserve tout le mystère
de ses pages non coupées
sous la vieille affiche
découpée.
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